Hypothyroïdie du chien : une mise au point en 6 questions


Cette chienne Carlin souffre d’une hypothyroïdie induisant de l’hyperactivité qui a diminué sous traitement.

 

1 – Est-ce que l’hypothyroïdie peut être soignée chez le chien ?

Oui

Comme chez l’homme où cette maladie est également fréquente, l’hypothyroïdie se soigne facilement. Le principe est d’administrer au chien hypothyroïdien des hormones thyroïdiennes sous la forme de comprimés (Forthyron®, Lévothyrox® pour la présentation humaine) ou d’une solution buvable (Leventa®), chaque jour (une ou deux fois par jour selon les cas). La dose est calculée en fonction du poids de l’animal et ajustée en fonction de la réponse au traitement. Une fois l’équilibre atteint, la dose administrée reste inchangée, on parle alors de dose d’équilibre. Le traitement est généralement à vie. S’il est arrêté, ce n’est pas grave mais les symptômes reviennent progressivement.

2 – Est ce que tous les chiens hypothyroïdiens souffrent d’obésité ?

Non

Comme chez l’homme, tous les chiens souffrant d’hypothyroïdie ne sont pas en surpoids : seulement 40% présente un excès de poids. De nombreux chiens hypothyroïdiens sont au contraire maigres. En effet, l’hypothyroïdie induit souvent des troubles digestifs chroniques (diarrhée, vomissement), une mauvaise assimilation, donc une difficulté à prendre du poids malgré une prise de nourriture normale ou élevée. Par ailleurs, comme les muscles ont besoin d’hormones thyroïdiennes pour se développer, un chien qui manque d’hormones thyroïdiennes peut être peu musclé malgré une activité physique normale.

3 – Est-ce que le diagnostic est facile à établir ?

Non

Pour établir le diagnostic, une prise de sang est généralement pratiquée  par le vétérinaire pour doser trois paramètres : la T4 (une des deux hormones thyroïdiennes), la TSH (l’hormone hypophysaire qui stimule la sécrétion de T4 par la glande thyroïde) et le taux de cholestérol (qui est très souvent augmenté lors d’hypothyroïdie). Toutefois, cet examen n’est pas très satisfaisant en raison du nombre élevé des faux négatifs concernant la TSH mais aussi la T4. Si le vétérinaire estime que le chien a suffisamment de signes cliniques et même si les résultats de la prise de sang ne sont pas significatifs, il peut décider d’effectuer un challenge thérapeutique.

4 – Quel est l’objectif d’un challenge thérapeutique ?

L’objectif d’un challenge thérapeutique est de confirmer que le chien manque d’hormones thyroïdiennes, ce qui est la cause de ses troubles physiques et/ou comportementaux. L’objectif est de vérifier que l’administration d’hormones thyroïdiennes apporte des bénéfices cliniques : le chien est en meilleure santé et son comportement est amélioré quand il en reçoit. Si on arrête de lui en administrer, ces bénéfices disparaissent. Si on reprend ensuite l’administration, le chien va de nouveau mieux.

5 – Un  challenge thérapeutique est-il fiable ?

Oui

Votre vétérinaire a constaté des signes cliniques et comportementaux qui évoquent une hypothyroïdie chez votre chien ? Si ces signes sont liés à une insuffisance d’hormones thyroïdiennes, ils s’atténueront ou disparaîtront quand votre chien recevra les hormones thyroïdiennes qui lui manquent. Les changements comportementaux sont souvent visibles dans les 15 jours. Si le chien a besoin d’une supplémentation en hormones, il ira mieux, ses troubles du comportement diminueront. Si au contraire le chien n’en n’a pas besoin, il deviendra plus actif et plus nerveux. Dans ce cas, la supplémentation est arrêtée et dès le lendemain tout est rentré dans l’ordre.

Il est possible après un ou deux mois de supplémentation, d’arrêter les hormones pour voir ce qu’il se passe : les bénéfices constatés disparaissent alors (généralement en quelques jours) et les troubles réapparaissent. La reprise du traitement permet de nouveau d’améliorer l’état clinique et comportemental du chien.

6- Est ce que le challenge thérapeutique aux hormones thyroïdiennes est sans danger pour le chien ?

Oui

Contrairement à l’homme qui élimine très lentement les hormones thyroïdiennes (en plusieurs jours), le chien les élimine en moins de 12 heures : il n’y a donc aucun risque de toxicité ni de dérèglement si un chien reçoit pendant quelques semaines des hormones thyroïdienne alors qu’il n’en a pas besoin. Si on administre des hormones thyroïdiennes à un chien qui n’en a pas besoin, il sera plus actif, nerveux, aura plus faim, boira plus et fera sans doute plus de selles. Si ces signes apparaissent en quelques jours, c’est que le chien n’a pas besoin d’hormones thyroïdiennes (ou que la dose est trop forte), l’administration est alors arrêtée, les signes disparaissent en moins de 24 heures généralement.

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