Mon chat est malpropre : que faire ?

La malpropreté est une plainte fréquente des propriétaires de chat. « Il urine à côté de sa caisse » ou encore « Il se venge quand je m’absente et fait ses besoins dans mon lit ». La malpropreté concerne plus souvent les urines que les selles, et plus souvent les chats vivant en appartement que ceux ayant un accès à l’extérieur.

Des conseils simples associés à l’utilisation de produits apaisants (phéromones, huiles essentielles, compléments alimentaires) permettent souvent de régler le problème en quelques jours. Si ces conseils ne suffisent pas, le chat souffre probablement d’un trouble du comportement qu’il convient de traiter par des médicaments psychotropes. Une consultation chez un vétérinaire comportementaliste est alors indiquée.

Pour bien analyser la situation, il est indispensable d’avoir des précisions sur la malpropreté. Urines ou selles ? Depuis quand ? À quelle fréquence ? Où ? Dans quel contexte ?…

Le chat a-t-il déjà été propre ?

Cette question est incontournable. En effet, un chaton est propre dès l’âge de 3 semaines, mais, même si cela peut sembler précoce, cela nécessite un certain apprentissage auprès de sa mère. Si un chaton s’est développé dans un environnement souillé (confinement excessif, population nombreuse), si aucune litière ou endroit approprié (terre, sable) n’était à sa disposition ou si sa mère elle-même était malpropre, il n’aura pas appris la propreté. C’est souvent le cas des chats qui urinent sur des linges posés au sol (tapis de bain, vêtements, par exemple). Le pronostic dans le cas d’un chat n’ayant jamais été propre est assez sombre. Toutefois, il est possible qu’un chat adulte qui n’a jamais appris la propreté apprenne à devenir propre par apprentissage, notamment en imitant l’autre chat de la maison !

À quelle fréquence le chat est-il malpropre ?

La fréquence est importante à apprécier. En effet, un « accident », c’est-à-dire une petite flaque d’urine retrouvée en dehors du bac à litière n’a pas la même signification que des urines retrouvées presque quotidiennement depuis plusieurs semaines. Dans le premier cas, il peut s’agir d’une désorganisation du comportement éliminatoire lors d’un stress important (déménagement, départ ou retour de vacances, travaux de rénovation…), alors que dans le deuxième cas, la malpropreté peut être le signe d’une anxiété existant depuis plus longtemps.

Où les urines sont-elles retrouvées ?

Sur un mur, c’est du marquage urinaire !

Une trace d’urine retrouvée sur un support vertical (mur, meubles) constitue un marquage urinaire (spot urinaire). Si l’animal n’est pas stérilisé, il peut s’agir de marquage urinaire d’origine sexuelle. Si au contraire, le chat est stérilisé, c’est le plus souvent un signe de stress lié au territoire (déménagement, par exemple). On a montré que si plus de 50% de marques faciales disparaissaient (changement de meubles de places, peintures refaites), le chat ressent de l’angoisse et le risque de marquage urinaire est élevé. En prévention et en traitement : la phéromonothérapie ! Du Feliway® ou du Zénifel® permet de remédier à la malpropreté liée à une perturbation du territoire (en diffuseur électrique ou vaporisé sur le spot urinaire après l’avoir nettoyé, et chaque jour sur 5 à 6 endroits saillants de chaque pièce).

 

Au sol, c’est de l’élimination

Des urines retrouvées sur un support horizontal (sol, coussin, canapé, lit, terre des plantes) signent une perturbation du comportement éliminatoire. Il peut s’agir d’un trouble lié au bac à litière (trop souillé, trop près de la nourriture, « inconfortable » …) ou d’un trouble émotionnel (anxiété ou dépression). Quelle que soit l’origine exacte du trouble, plusieurs consignes doivent être respectées.

 Quand il s’agit de selles

Il ne semble pas que les selles constituent un marquage chez le chat. Lorsqu’un chat dépose des selles en dehors de sa litière, il s’agit souvent d’une aversion à la litière (phobie suite à un traumatisme alors que le chat était en train de déposer des selles dans la litière). Dans ce cas, on constate que le chat a peur d’entrer dans la litière : il miaule comme s’il avait peur, il s’en sauve en courant après avoir gratter sans avoir déféqué, parfois, il émet même des selles dans sa fuite. Évidemment, une litière très souillée peut pousser le chat à faire ses besoins ailleurs. Enfin, certains chats très anxieux ou hyperactifs ont un comportement éliminatoire si désorganisé qu’il dépose leurs selles n’importe où.

 Faut-il réprimander le chat ?

Attention, la réprimande chez le chat est anxiogène !

Chez le chat comme chez le chien, il ne faut pas punir après-coup : sur le fait, on peut intervenir, mais une fois le méfait constaté, c’est déjà trop tard… et la punition constitue un stress inutile qui risque d’aggraver le trouble à l’origine de la malpropreté.

Il est évident que si on surprend son chat en train d’uriner sur son lit, on criera – on le comprend – et le chat se sauvera de peur… Cela doit s’arrêter là car tout autre comportement punitif serait délétère. Or, il est fréquent qu’excédé, on attrape son chat et, fâché, on le met dans le bac à litière « pour lui montrer où il doit faire ». Malheureusement le chat associe alors le stress de la réprimande avec sa litière, qui devient alors un endroit stressant, ce qui aggrave le trouble en le compliquant d’une aversion acquise à la litière (= phobie à la litière).

 Nettoyage des urines

Éviter l’eau de Javel et les produits ammoniaqués car ils fixent l’odeur d’ammoniac qui stimule le comportement éliminatoire du chat. Il faut préférer les produits acides (vinaigre, eau gazeuse), du bicarbonate de soude, des cristaux de soude. L’eau gazeuse à l’avantage d’être incolore et inodore : pour le détachage des textiles, c’est idéal.

Quelques règles concernant la litière

1 – Le bac à litière doit être placé assez loin de la nourriture, dans un endroit calme et toujours accessible pour le chat. Si l’appartement où vit le chat est petit, placer la gamelle en hauteur permet de résoudre le problème de distance par rapport à la litière.

2 – Le type de bac importe peu à condition que le chat l’accepte. Dans un premier temps, il est préférable d’enlever le couvercle si le bac en possède un. En effet, certains chats craintifs n’osent pas franchir la petite porte, ils vont donc faire ailleurs que dans le bac. Les chats âgés peuvent souffrir d’arthrose et hésiter à passer la porte qui tape sur leur dos. Enfin, le couvercle renferme les mauvaises odeurs si la litière n’est pas changée assez souvent. Si pour nous, c’est désagréable de sentir la litière, imaginez ce que cela peut-être pour le chat qui a un odorat très développé. Si cela sent trop mauvais, il ira ailleurs pour faire ses besoins.

3 – La litière doit être nettoyée régulièrement. Certains chats sont particulièrement intolérants et ne supportent que la litière soit souillée. La nature de la litière est importante : des graviers « de base » conviennent généralement à tous les chats, mais il est bien sûr possible d’utiliser les autres litières disponibles… à partir du moment où le chat les accepte ! En revanche, si le chat est devenu malpropre après qu’on a changé de marque de gravier, il vaut mieux revenir à la marque précédente.

4 – Il vaut mieux disposer d’autant de litières qu’on possède de chats et les placer dans des endroits différents, dans des pièces différentes. En effet, souvent certains chats préfèreront aller dans telle litière pour les urines et telle autre pour les selles. En cas de problème de cohabitation, cela permet d’éviter que les chats se croisent pour aller faire leurs besoins. Enfin, certains chats sont plus tolérants que d’autres, alors lorsqu’un problème de malpropreté survient dans un groupe de plusieurs chats, il vaut mieux rajouter une litière.

 Les phéromones et huiles essentielles

Leur action apaisante permet de rendre le chat moins anxieux, donc de diminuer la malpropreté urinaire d’origine anxieuse.

Les phéromones apaisantes (Feliway®, Zenifel®) contribuent à apaiser le chat, donc diminuent le risque de marquage urinaire en aidant le chat à se réapproprié le territoire. Les huiles essentielles à base de valériane (Petscool®) en diffuseur ou à vaporiser ont une action positive chez le chat. Elles ont un effet euphorisant qui ressemble à celui de l’herbe à chat, et aussi apaisant.

L’intérêt de ces produits est qu’ils agissent par voie olfactive et que leur utilisation ne nécessite pas d’administration orale, ce qui est un net avantage pour certains chats.

 Les compléments alimentaires apaisants

Anxitane® et Zylkène® sont des compléments alimentaires qui peuvent être utilisés en première intention (sans ordonnance) pour apaiser un chat. Ils n’ont aucune contre-indications et n’entraînent pas d’effets secondaires. Comme la cause la plus fréquente de malpropreté chez le chat est le stress et l’anxiété, l’administration d’un complément alimentaire apaisant permet d’aider le chat à se détendre donc à diminuer le risque de malpropreté urinaire.

 Les psychotropes

Si la malpropreté perdure alors que les consignes générales (litière, réprimande) ont été respectées et qu’un traitement apaisant (phéromones, huiles essentielles, compléments alimentaire) a été mise en place, le chat souffre probablement d’un trouble émotionnel suffisamment sévère pour justifier un traitement psychotrope. Qu’il s’agisse du Clomicalm®, du Selgian® ou de la Fluoxétine®* (plus connue sous le nom de Prozac®*), les psychotropes prescrits lors de malpropreté chez le chat ont tous comme objectif la diminution de l’anxiété. Le prescripteur choisit la molécule la plus adaptée en fonction de comportement du chat. Même si l’amélioration est nette rapidement, le traitement doit durer plusieurs mois, souvent au moins 6 mois, pour que l’amélioration reste stable ensuite.

Comments are closed